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FEMMES COMBATTANTES (LES CHEMINS DE LA MÉMOIRE - HORS-SÉRIE)

"il nous faut collectivement œuvrer à rendre aux femmes combattantes la juste place
qu’elles occupent dans notre histoire" Patricia Mirallès, secrétaire d’État chargée des Anciens Combattants et de la Mémoire.

 

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Dans une lettre à son oncle de mai 1943, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, résistante et déportée, entrée au Panthéon le 27 mai 2015, écrit « les femmes ont prouvé […] qu’elles pouvaient aussi servir ». Elle n’avait que 22 ans.
La même année, Maurice Schumann évoque pour la première fois dans un discours de guerre en 1943 la figure de la femme soldat et déclare à la BBC que « dans la dernière guerre [1914-1918], la femme a donné des centaines
d’héroïnes à la liberté, pour la première fois dans cette guerre [1939-1945], elle lui a donné des centaines de milliers de combattantes ».
Quel que soit leur nombre, les femmes ont longtemps été oubliées et dissimulées par la présence masculine dans les armées. Elles n’ont pourtant pas hésité à servir la Nation et à se battre pour la France : dès 1940, plus de
1160 d’entre elles font le choix du courage et s’engagent dans les Forces Françaises libres pour résister à l’occupant.
Au-delà de quelques exemples illustres, combien de femmes combattantes ont été reconnues à la hauteur de leurs mérites et des efforts qu’elles ont consentis ? Combien, malgré leurs éminents états de service,
demeurent toujours aux marges de notre histoire et à l’ombre de notre mémoire? Par exemple, qui, parmi nos concitoyens, se souvient encore aujourd’hui de la bravoure des Merlinettes ?
C’est pour cela qu’il nous faut collectivement œuvrer à rendre aux femmes combattantes la juste place qu’elles occupent dans notre histoire. La recherche scientifique peut nous y aider, car c’est précisément
celle-ci qui vient consolider et densifier l’historiographie.
Cela peut aussi passer par les noms que l’on donne à nos espaces publics, car notre mémoire est constitutive de notre paysage, elle est à portée de main, à portée de regard, dans nos parcs, nos rues, nos places et nos
écoles. Aujourd’hui, approximativement 5 % de nos rues portent des noms de femmes. C’est trop peu, car les exemples de femmes courageuses qui ont laissé leur empreinte dans notre histoire ne manquent pas.
Pour accélérer cette féminisation des dénominations de nos lieux publics, j’ai demandé au Service Historique de la Défense de travailler sur un livret à destination des maires. Celui-ci recensera les biographies de
nombreuses femmes combattantes, de différentes époques et avec différents parcours, afin de les inciter à faire porter à ces lieux dans lesquels nous passons tous les jours l’héritage des héroïnes de notre histoire.
Enfin, il faut souligner que les femmes combattantes, ce n’est pas seulement une question d’histoire ou de mémoire. C’est plus que jamais une question du temps présent, que ce soit dans notre armée qui, avec
presque 17 % de femmes, est la 4e armée la plus féminisée au monde, ou bien dans les conflits récents, en Ukraine ou contre l’État Islamique, où de nombreuses Ukrainiennes et Kurdes n’ont pas hésité à prendre
les armes pour défendre leur pays.
Le courage n’a pas de genre ou de sexe : il y a des histoires glorieuses et inspirantes d’hommes comme de femmes qui se sont battus hier pour notre liberté d’aujourd’hui. Sachons honorer leur mémoire.
Patricia MIRALLÈS
Secrétaire d’État chargée des Anciens Combattants et de la Mémoire