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Exosquelettes: Wandercraft va se lancer aux États-Unis (mise en ligne : 29/09/2020)

Matthieu Masselin, avec Nicolas Simon et Alexandre Boulanger, a été le premier, en 2012, à utiliser les algorithmes de la marche pour fabriquer un exosquelette. Ils se lancent aujourd’hui outre-Atlantique.

Matthieu Masselin est l'invité du Club entrepreneurs Challenges - Grant Thornton

Challenges. Qu'est-ce qu'un exosquelette?

Matthieu Masselin. C'est une structure robotique. Le premier cas d'application, c'est l'exosquelette industriel, militaire, qui augmente les capacités de l'utilisateur, pour courir plus vite, plus longtemps, soulever des charges plus lourdes. L'autre cas, sur lequel nous nous sommes positionnés, rend au patient une capacité perdue: la marche. Nous avons été les premiers à utiliser les algorithmes de la marche et l'équilibre dans un exosquelette.

Quel est votre produit phare?
C'est un exosquelette utilisé sous la surveillance du personnel médical, en rééducation: Atalante. Il coûte 100.000 à 200.000 euros. Nous en avons vendu une petite dizaine en France, au Luxembourg et aux Etats-Unis. Nous avons d'excellents partenariats avec des centres de rééducation tels que ceux de Berck-sur-Mer, Kerpape, Pionsat, et La Renaissance Sanitaire, ainsi qu'avec les meilleurs groupes de recherche en robotique: Caltech, l'université du Michigan, le CNRS, les Mines de Paris.

Quelles sont ses évolutions?
D'ici à la fin d'année, nous allons dévoiler une nouvelle technique de marche, bien plus anthropomorphe, grâce à l'attaque par le talon, le déroulé du pied, le mouvement de la hanche, du genou. Plus révolutionnaire encore, Atalante sera capable de travailler sur le contrôle latéral, le balancement. Aujourd'hui, la plupart des exosquelettes n'utilisent qu'une direction, vers l'avant. Or, ces mouvements latéraux sont très importants pour rééduquer un patient, lui apprendre à se rattraper quand il tombe sur le côté etc.

Où produisez-vous?
Nous faisons produire les pièces chez des usineurs en France et les assemblons ici, dans nos locaux de 1.300 mètres carrés à Paris, où se trouve aussi la R&D. Notre stratégie a d'abord consisté à construire un énorme savoir-faire, une propriété intellectuelle en robotique. La commercialisation n'a commencé qu'en milieu d'année dernière. Le marché est énorme: dans le monde, au moins 30 millions de personnes sont en fauteuil roulant.

A quand l'international?
Nous venons de décider d'aller aux Etats-Unis. Nos premiers contacts avec la FDA (Food and Drug Administration) se sont très bien passés. Nous espérons y arriver courant 2021 ou début 2022. Nous utiliserons une très grande partie de nos données cliniques européennes. Mais il y a quelques incertitudes liées à la situation actuelle. Et nous devons mener des tests, notamment auprès du personnel médical.

Avez-vous d'autres projets?
En novembre, pour la première fois, nous participerons au Cybathlon, les jeux Olympiques de la robotique, à Zürich. Je pense que notre exosquelette sera le seul sans béquilles: dire qu'il y a trois ans, nous n'avions jamais mis un patient dans un exosquelette! Les épreuves consistent en des défis représentatifs de la vie courante: se lever d'un sofa très bas et mou, slalomer autour d'obstacles, monter des marches.

Votre rêve de croissance?
Voir quelqu'un marcher en exosquelette sans choquer personne.